Auteur/autrice : signefrederiksen
February 16-June 30, 2024
“Ni étrange ni étranger”
(Neither Strange Nor Stranger)
Toucher l’insensé (Approaching Unreason),
Palais de Tokyo, Paris (FR)
Drawings, animation and mural.
March 24-25, 2016 (guided tour)
March 26-May 8, 2016 (exhibition)
The Classless Language
with Sidsel Carré and Anne-Mette Schultz
Morsø Kunstforening, Nykøbing Mors (DK)
press-release-danish.pdf
Guided tour performed by
Marie Nørgaard
March 24-25, 2016 (guided tour)
March 26-May 8, 2016 (exhibition)
The Classless Language
with Sidsel Carré and Anne-Mette Schultz
Morsø Kunstforening, Nykøbing Mors (DK)
press-release-danish.pdf
Guided tour performed by
Marie Nørgaard
Performed by
Marion Couzinié, Liv Schulman, Benoît Martin, Signe Frederiksen, Dayoung Lee, Vattani Saray, Agathe Chevallier, Noémie Besset, Maxime Delhomme, Clémence Estève, Laure Mathieu, Zelie Chancogne, Juliane Mahler and Iwok du Lac de Garm
III
The Interviewer comes back onto the stage.
INTERVIEWER
Thank you and welcome to HOW TO LOOK! Tonight I will be asking questions to our lovely audience. Please give us a big hand while I find a willing person.
The interviewer approaches the audience seats. She goes up the stairs to the back of the room, furthest away from the scene.
INTERVIEWER
Yes, you! What’s your name?
As Signe begins to answer, a young woman with a white shepherd dog on a leash comes out from the side curtains on stage left and crosses the stage in a slow pace. They exit stage right. Neither she nor the dog looks at the audience. Right after two persons carrying a large portrait of the artist in black and white mounted on a wooden frame follows. Then, a group of five persons in coats (as if they were coming directly from outside) carrying books cross the stage. The books are “Foucault. Dits et écrits II, 1976-1988” from the edition Quatro Gallimard, “William Shakespeare Oeuvres Complètes, bilingual edition from Robert Laffont, “August Strindberg Théâtre complet 3”, L’Arche, “Le Nouveau Petit Robert, Dictionnaire Alphabétique et Analogique de la langue française” and “La frustración Postcolonial by Salma Hayeck” by Liv Schulman. None of them pay any attention to the audience.
SIGNE
My name is Signe
INTERVIEWER
Signe, would you be willing to answer a question?
SIGNE
Yes (nervously)
INTERVIEWER
Do you identify yourself as an artist?
SIGNE
Yes… I am the artist… of this piece.
Performed by
Marion Couzinié, Liv Schulman, Benoît Martin, Signe Frederiksen, Dayoung Lee, Vattani Saray, Agathe Chevallier, Noémie Besset, Maxime Delhomme, Clémence Estève, Laure Mathieu, Zelie Chancogne, Juliane Mahler and Iwok du Lac de Garm
III
The Interviewer comes back onto the stage.
INTERVIEWER
Thank you and welcome to HOW TO LOOK! Tonight I will be asking questions to our lovely audience. Please give us a big hand while I find a willing person.
The interviewer approaches the audience seats. She goes up the stairs to the back of the room, furthest away from the scene.
INTERVIEWER
Yes, you! What’s your name?
As Signe begins to answer, a young woman with a white shepherd dog on a leash comes out from the side curtains on stage left and crosses the stage in a slow pace. They exit stage right. Neither she nor the dog looks at the audience. Right after two persons carrying a large portrait of the artist in black and white mounted on a wooden frame follows. Then, a group of five persons in coats (as if they were coming directly from outside) carrying books cross the stage. The books are “Foucault. Dits et écrits II, 1976-1988” from the edition Quatro Gallimard, “William Shakespeare Oeuvres Complètes, bilingual edition from Robert Laffont, “August Strindberg Théâtre complet 3”, L’Arche, “Le Nouveau Petit Robert, Dictionnaire Alphabétique et Analogique de la langue française” and “La frustración Postcolonial by Salma Hayeck” by Liv Schulman. None of them pay any attention to the audience.
SIGNE
My name is Signe
INTERVIEWER
Signe, would you be willing to answer a question?
SIGNE
Yes (nervously)
INTERVIEWER
Do you identify yourself as an artist?
SIGNE
Yes… I am the artist… of this piece.
October 13-November 1, 2022
“Le moment fatal”
Salon de Montrouge,
Beffroi de Montrouge (FR)
lemomentfatal.fr
Relecture : Juliette Kernin
Coaching : Mathilde Maillard
Remerciements :
L’équipe des médiateur·trices et toutes les personnes qui ont répondu aux appels téléphoniques.
Conception du site : Céline Gay
Le 13 octobre 2022, 13h02
Première pensée ce matin : pourquoi cette pièce qui me pousse vers les autres alors que c’est quelque chose qui m’angoisse assez, surtout les appels téléphoniques que je crains depuis toujours ? Le protocole me rassure un peu, je suis un schéma, les conversations font partie de cette machine à écrire. L’écriture doit se faire rapidement, sans trop juger, et je peux écrire à partir de toute situation, cela ne peut pas rater.
Mon premier job en tant qu’étudiante en Beaux-Arts, il y a 15 ans, c’était pour une entreprise d’analyse en tant qu’intervieweur téléphonique. Un grand bureau en open space dans une tour, chacun·e sur son ordi avec son casque d’appel. L’ordi lançait tout seul les appels, l’un après l’autre, un questionnaire à suivre, des cases à cocher, des échelles de satisfaction de 1 à 10. C’était des questions sur des produits ménagers le plus souvent, parfois des sondages d’opinion. La plupart des gens appelés refusent, certains avec agression, d’autres encore parlent trop volontairement en dépassant le temps et le sujet de l’entretien, ce qui m’attristait car chercher de l’intimité dans une construction qui sert à augmenter la consommation en analysant le désir des consommateur·trices, relève de l’isolement, de la solitude. Avec ce projet moi aussi je cherche une intimité peut-être déplacée avec le public.
Mais le plus souvent dans ce job c’était les refus, que je prenais un peu trop personnellement à 18 ans. Je n’arrivais pas à convaincre les gens de rester au téléphone avec moi, alors que mon amie des Beaux-Arts qui m’avait fait rentrer dans cette entreprise était l’une des meilleurs intervieweurs, elle arrivait à clôturer plus d’entretiens que les autres, ce qui voulait dire qu’elle gagnait plus. Je ne suis pas restée longtemps dans ce job.
L’expérience du vernissage d’hier reste très présente, le bruit, la masse de gens envahissant et remplissant les espaces d’exposition, les regards. Je me suis éloignée de mes pièces pour ne pas trop voir comment les gens passent devant. Je n’ai pas eu envie de parler. Un sentiment de saturation.
Je me dis qu’il faut que je me lance dans les appels, qu’il faut que ça reste quelque chose de léger, une chose que je peux faire de là où je suis. Je suis dans une chambre chez des ami·es où l’on loge avec Jules. Je regarde mon téléphone, il y a plusieurs messages dans le groupe WhatsApp qui a été créé pour le montage, des remerciements, des émoticônes de cœurs, de bouquet de fleurs. Mathilde, à qui j’ai demandée d’être mon coach pour ce projet, m’écrit pour autre chose, et me demande si ça va à Paris. Je dis que je prends des forces pour le premier appel. Elle me dit qu’il faut que j’essaie de penser que ces appels sont des moments pour moi. Je m’installe. C’est la première fois que j’ai un moment un peu calme, toute seule, cette semaine. J’ai enregistré les numéros des trois téléphones portés par les médiateur·trices.
October 13-November 1, 2022
“Le moment fatal”
Salon de Montrouge,
Beffroi de Montrouge (FR)
lemomentfatal.fr
Relecture : Juliette Kernin
Coaching : Mathilde Maillard
Remerciements :
L’équipe des médiateur·trices et toutes les personnes qui ont répondu aux appels téléphoniques.
Conception du site : Céline Gay
Le 13 octobre 2022, 13h02
Première pensée ce matin : pourquoi cette pièce qui me pousse vers les autres alors que c’est quelque chose qui m’angoisse assez, surtout les appels téléphoniques que je crains depuis toujours ? Le protocole me rassure un peu, je suis un schéma, les conversations font partie de cette machine à écrire. L’écriture doit se faire rapidement, sans trop juger, et je peux écrire à partir de toute situation, cela ne peut pas rater.
Mon premier job en tant qu’étudiante en Beaux-Arts, il y a 15 ans, c’était pour une entreprise d’analyse en tant qu’intervieweur téléphonique. Un grand bureau en open space dans une tour, chacun·e sur son ordi avec son casque d’appel. L’ordi lançait tout seul les appels, l’un après l’autre, un questionnaire à suivre, des cases à cocher, des échelles de satisfaction de 1 à 10. C’était des questions sur des produits ménagers le plus souvent, parfois des sondages d’opinion. La plupart des gens appelés refusent, certains avec agression, d’autres encore parlent trop volontairement en dépassant le temps et le sujet de l’entretien, ce qui m’attristait car chercher de l’intimité dans une construction qui sert à augmenter la consommation en analysant le désir des consommateur·trices, relève de l’isolement, de la solitude. Avec ce projet moi aussi je cherche une intimité peut-être déplacée avec le public.
Mais le plus souvent dans ce job c’était les refus, que je prenais un peu trop personnellement à 18 ans. Je n’arrivais pas à convaincre les gens de rester au téléphone avec moi, alors que mon amie des Beaux-Arts qui m’avait fait rentrer dans cette entreprise était l’une des meilleurs intervieweurs, elle arrivait à clôturer plus d’entretiens que les autres, ce qui voulait dire qu’elle gagnait plus. Je ne suis pas restée longtemps dans ce job.
L’expérience du vernissage d’hier reste très présente, le bruit, la masse de gens envahissant et remplissant les espaces d’exposition, les regards. Je me suis éloignée de mes pièces pour ne pas trop voir comment les gens passent devant. Je n’ai pas eu envie de parler. Un sentiment de saturation.
Je me dis qu’il faut que je me lance dans les appels, qu’il faut que ça reste quelque chose de léger, une chose que je peux faire de là où je suis. Je suis dans une chambre chez des ami·es où l’on loge avec Jules. Je regarde mon téléphone, il y a plusieurs messages dans le groupe WhatsApp qui a été créé pour le montage, des remerciements, des émoticônes de cœurs, de bouquet de fleurs. Mathilde, à qui j’ai demandée d’être mon coach pour ce projet, m’écrit pour autre chose, et me demande si ça va à Paris. Je dis que je prends des forces pour le premier appel. Elle me dit qu’il faut que j’essaie de penser que ces appels sont des moments pour moi. Je m’installe. C’est la première fois que j’ai un moment un peu calme, toute seule, cette semaine. J’ai enregistré les numéros des trois téléphones portés par les médiateur·trices.
2014
“Robert Walser – A Deliberately, Dissolute, Daring, Ridiculous Supplement”
Edited and designed in collaboration with Kasper Hesselbjerg
Forlaget emancipa(t/ss)ionsfrugten
(…)
When I referred to the concept brouillon, I was in fact revealing to you an entire creative and life history, for you should know, sir, that approximately ten years ago I began to first shyly and reverentially sketch out in pencil everything I produced, which naturally imparted a sluggishness and slowness to the writing process that assumed practically colossal proportions. This pencil system, which is inseparable from a logically consistent, office-like copying system, has caused me real torments, but this torment taught me patience, such that I now have mastered the art of being patient.
2014
“Robert Walser – A Deliberately, Dissolute, Daring, Ridiculous Supplement”
Edited and designed in collaboration with Kasper Hesselbjerg
Forlaget emancipa(t/ss)ionsfrugten
(…)
When I referred to the concept brouillon, I was in fact revealing to you an entire creative and life history, for you should know, sir, that approximately ten years ago I began to first shyly and reverentially sketch out in pencil everything I produced, which naturally imparted a sluggishness and slowness to the writing process that assumed practically colossal proportions. This pencil system, which is inseparable from a logically consistent, office-like copying system, has caused me real torments, but this torment taught me patience, such that I now have mastered the art of being patient.
2020
“Ce que Laurence Rassel nous fait faire"
Edited in collaboration with Agathe Boulanger and Jules Lagrange
Paraguay, Paris
Mai 2018
Je vais écrire en français. Ce n’est pas ma langue, mais c’est celle de notre projet, celle de Laurence. Avec le français je suis un peu différente, je suis ralentie, obligée de choisir mes mots, de construire ma parole, avant de parler. Laurence pratique une langue qui a hâte, qui se coupe et saute sans problème. Il me semble que son langage est trop lent pour sa pensée. Dans le livre Xenogenesis de Octavia E. Butler, les Oankalis – des extraterrestres qui arrivent sur terre après la presque-extinction de l’humanité́ – peuvent se connecter et communiquer via des tentacules sensoriels. Elle~ils y passent de grandes quantités d’informations très rapidement. Le transfert est dangereux pour les humains, trop intense. C’est une forme de communication trop complexe, trop large, pour comprendre consciemment.
Nous sommes allé~es voir Laurence parler de Octavia E. Butler avec Jules, une soirée en décembre l’année dernière à Bruxelles. Nous avions déjà contacté Laurence pour lui proposer le projet, mais elle ne savait pas qui nous étions et que nous serions là. Laurence s’est présentée comme «fan». Pas comme experte, mais comme quelqu’un qui a besoin de la fiction pour survivre. Dans Xenogenesis, le but des Oankalis est le commerce de gènes, elle~ils savent manipuler les gènes. L’échange se fait sur plusieurs générations, en transformant les deux espèces, elles deviennent toutes deux autre avec le temps. Dans l’échange avec les humains, les Oankalis nous enlèvent notre plus grand défaut: la tendance à la hiérarchie.
La protagoniste me rappelle Laurence. Lilith, une humaine, se trouve en charge d’un groupe de gens sur le vaisseau spatial des Oankalis. Elle est en charge de choisir et de réveiller un groupe de personnes en sommeil artificiel. Elle doit les préparer à la première rencontre avec les Oankalis. Elle devient leur supérieure, mais elle n’a pas envie du pouvoir, elle se sent seule, se pense traitre. Laurence nous a raconté qu’on lui avait reproché de ne pas être suffisamment autoritaire comme directrice à l’erg, elle nous a parlé de son ambiguïté par rapport au pouvoir. Il lui permet de créer des structures et de prendre des risques, mais elle n’aime pas la distance que sa position génère. Elle nous a dit que son autorité, c’est d’imposer le collectif.
Et tout à coup elle s’arrête, elle demande: «Ça va? Vous allez bien?» Pour nous réveiller, nous resituer avec elle? Un acte de soin?
Au début de notre entretien, Laurence a dit quelque chose comme: «La fiction c’est moi.» Comme une sorte d’avertissement avant de commencer à raconter, pour que l’on sache que cette histoire est narrée, construite avec nous, en réponse à nos questions, nos attentes. Elle a posé une question plus tard, indirectement, en se référant à un livre de Maggie Nelson. Est-ce qu’on va faire d’elle une héroïne? Qu’est-ce qu’on va faire d’elle avec ce livre? Dans une séquence de The Laurence Rassel Show, Terre Thaemlitz va renifler les sous-vêtements de Laurence et de son compagnon Nicolas. Elle~ils jouent le rôle des stars, c’est une blague. Avec humour, elle~ils arrivent à parler de l’ambivalence par rapport aux systèmes d’auteur~ice. J’aimerais que cette sensibilité soit présente dans notre projet aussi.
À la sortie de cette lecture publique sur Octavia E. Butler l’année dernière, nous parlions avec Laurence de notre projet, et une amie a demandé de quoi il s’agissait. Laurence a répondu, avec une sorte de mégalomanie ironique (ou pas): «It’s about me, darling!»
Il y a des phrases qui reviennent, qu’elle répète, auxquelles je m’accroche. Elle demande souvent: «Qu’est-ce que ça fait faire?» Je le vois comme un intérêt à la réaction, à l’échange, à la création. Ces rencontres me donnent envie de faire quelque chose. Nous écrivons pour mesurer l’effet de nos rencontres avec Laurence sur nous-mêmes, les moments où nous pensons à elle dans le quotidien, comment sa manière d’opérer s’intègre chez nous. Qu’est-ce que ce livre fera faire?
2020
“Ce que Laurence Rassel nous fait faire"
Edited in collaboration with Agathe Boulanger and Jules Lagrange
Paraguay, Paris
Mai 2018
Je vais écrire en français. Ce n’est pas ma langue, mais c’est celle de notre projet, celle de Laurence. Avec le français je suis un peu différente, je suis ralentie, obligée de choisir mes mots, de construire ma parole, avant de parler. Laurence pratique une langue qui a hâte, qui se coupe et saute sans problème. Il me semble que son langage est trop lent pour sa pensée. Dans le livre Xenogenesis de Octavia E. Butler, les Oankalis – des extraterrestres qui arrivent sur terre après la presque-extinction de l’humanité́ – peuvent se connecter et communiquer via des tentacules sensoriels. Elle~ils y passent de grandes quantités d’informations très rapidement. Le transfert est dangereux pour les humains, trop intense. C’est une forme de communication trop complexe, trop large, pour comprendre consciemment.
Nous sommes allé~es voir Laurence parler de Octavia E. Butler avec Jules, une soirée en décembre l’année dernière à Bruxelles. Nous avions déjà contacté Laurence pour lui proposer le projet, mais elle ne savait pas qui nous étions et que nous serions là. Laurence s’est présentée comme «fan». Pas comme experte, mais comme quelqu’un qui a besoin de la fiction pour survivre. Dans Xenogenesis, le but des Oankalis est le commerce de gènes, elle~ils savent manipuler les gènes. L’échange se fait sur plusieurs générations, en transformant les deux espèces, elles deviennent toutes deux autre avec le temps. Dans l’échange avec les humains, les Oankalis nous enlèvent notre plus grand défaut: la tendance à la hiérarchie.
La protagoniste me rappelle Laurence. Lilith, une humaine, se trouve en charge d’un groupe de gens sur le vaisseau spatial des Oankalis. Elle est en charge de choisir et de réveiller un groupe de personnes en sommeil artificiel. Elle doit les préparer à la première rencontre avec les Oankalis. Elle devient leur supérieure, mais elle n’a pas envie du pouvoir, elle se sent seule, se pense traitre. Laurence nous a raconté qu’on lui avait reproché de ne pas être suffisamment autoritaire comme directrice à l’erg, elle nous a parlé de son ambiguïté par rapport au pouvoir. Il lui permet de créer des structures et de prendre des risques, mais elle n’aime pas la distance que sa position génère. Elle nous a dit que son autorité, c’est d’imposer le collectif.
Et tout à coup elle s’arrête, elle demande: «Ça va? Vous allez bien?» Pour nous réveiller, nous resituer avec elle? Un acte de soin?
Au début de notre entretien, Laurence a dit quelque chose comme: «La fiction c’est moi.» Comme une sorte d’avertissement avant de commencer à raconter, pour que l’on sache que cette histoire est narrée, construite avec nous, en réponse à nos questions, nos attentes. Elle a posé une question plus tard, indirectement, en se référant à un livre de Maggie Nelson. Est-ce qu’on va faire d’elle une héroïne? Qu’est-ce qu’on va faire d’elle avec ce livre? Dans une séquence de The Laurence Rassel Show, Terre Thaemlitz va renifler les sous-vêtements de Laurence et de son compagnon Nicolas. Elle~ils jouent le rôle des stars, c’est une blague. Avec humour, elle~ils arrivent à parler de l’ambivalence par rapport aux systèmes d’auteur~ice. J’aimerais que cette sensibilité soit présente dans notre projet aussi.
À la sortie de cette lecture publique sur Octavia E. Butler l’année dernière, nous parlions avec Laurence de notre projet, et une amie a demandé de quoi il s’agissait. Laurence a répondu, avec une sorte de mégalomanie ironique (ou pas): «It’s about me, darling!»
Il y a des phrases qui reviennent, qu’elle répète, auxquelles je m’accroche. Elle demande souvent: «Qu’est-ce que ça fait faire?» Je le vois comme un intérêt à la réaction, à l’échange, à la création. Ces rencontres me donnent envie de faire quelque chose. Nous écrivons pour mesurer l’effet de nos rencontres avec Laurence sur nous-mêmes, les moments où nous pensons à elle dans le quotidien, comment sa manière d’opérer s’intègre chez nous. Qu’est-ce que ce livre fera faire?
June 17–August 6, 2017
"Eksperimenterende kunst"
[Untitled 17]
Kunsthal Nord, Aalborg (DK)
eksperimenterende-kunst.pdf
Performed by
Julie Buch-Hansen, Kamilla Mez, Sassi Bischoff
Manuscript designed by Céline Gay
(…)
Udstillingsvagten kommer ind med et rullebord med kaffe og kage.
SIGNE FREDERIKSEN
[Lettet] Ja, så er der kaffe og kage. Værsgo at tage.
En kvinde i publikum går i gang med at tage kaffe og kage. Signe Frederiksen tager et stykke papir og en pen op ad lommen og noterer noget. Der går lidt tid med at publikum tager kaffe og kage.
EN KVINDE I PUBLIKUM
Må jeg spørge om noget?
SIGNE FREDERIKSEN
[Imødekommende] Ja da.
EN KVINDE I PUBLIKUM
Hvordan får du det egentlig til at løbe rundt, altså med kunsten? Kan du leve af det her?
SIGNE FREDERIKSEN
[Bestemt] Nej, ikke ligefrem. Jeg har fået mine udgifter dækket til den her udstilling. Men det er ikke noget, jeg bliver rig af.
EN KVINDE I PUBLIKUM
Man kan vel ikke sælge det du laver? For hvor er det rigtige kunstværk henne?
Udstillingsvagten taber en kop kaffe på gulvet.
UDSTILLINGSVAGTEN
Det må I undskylde!
Hun begynder at tørre kaffen op med servietter fra rullebordet
SIGNE FREDERIKSEN
Vi må også hellere komme tilbage til oplægget. Jeg ville jo egentlig sige noget om eksperimenterende kunst.
June 17–August 6, 2017
"Eksperimenterende kunst"
[Untitled 17]
Kunsthal Nord, Aalborg (DK)
eksperimenterende-kunst.pdf
Performed by
Julie Buch-Hansen, Kamilla Mez, Sassi Bischoff
Manuscript designed by Céline Gay
(…)
Udstillingsvagten kommer ind med et rullebord med kaffe og kage.
SIGNE FREDERIKSEN
[Lettet] Ja, så er der kaffe og kage. Værsgo at tage.
En kvinde i publikum går i gang med at tage kaffe og kage. Signe Frederiksen tager et stykke papir og en pen op ad lommen og noterer noget. Der går lidt tid med at publikum tager kaffe og kage.
EN KVINDE I PUBLIKUM
Må jeg spørge om noget?
SIGNE FREDERIKSEN
[Imødekommende] Ja da.
EN KVINDE I PUBLIKUM
Hvordan får du det egentlig til at løbe rundt, altså med kunsten? Kan du leve af det her?
SIGNE FREDERIKSEN
[Bestemt] Nej, ikke ligefrem. Jeg har fået mine udgifter dækket til den her udstilling. Men det er ikke noget, jeg bliver rig af.
EN KVINDE I PUBLIKUM
Man kan vel ikke sælge det du laver? For hvor er det rigtige kunstværk henne?
Udstillingsvagten taber en kop kaffe på gulvet.
UDSTILLINGSVAGTEN
Det må I undskylde!
Hun begynder at tørre kaffen op med servietter fra rullebordet
SIGNE FREDERIKSEN
Vi må også hellere komme tilbage til oplægget. Jeg ville jo egentlig sige noget om eksperimenterende kunst.
A
Je suis arrivé à Paris en janvier 2014. Au début je ne parlais pas. On peut dire que j’étais comme une espionne. Ma mission c’était d’apprendre plus sur les gens dans ce milieu. Mais je n’avais personne à qui rapporter. Seulement l’information servait à ajuster et préparer mon rapport au monde. J’aimerais m’excuser de ne pas avoir été plus franche dès mon arrivée. Mais c’était presque trop facile de me glisser en dehors du rôle de la jeune artiste. Je venais à peine de partir de l’école d’art et je me suis senti comme un corps flottant. Alors je suis devenue principalement une assistante, un rôle plutôt confortable.
B
Avec le temps, j’ai commencé à réfléchir en français. Ce n’est pas que j’ai oublié ma langue maternelle, mais il me semblait que ça ne marchait pas de contempler cette nouvelle vie dans la langue de mon enfance. Avec le français, je suis devenue imparfaite mais aussi plus inventive. Et puis, mon français s’est développé avec les amants que j’ai eu. J’ai pris des amants pour élargir mon vocabulaire. Ma langue est donc assemblée de différents souvenirs de différents corps. J’ai noté ces mots dans un cahier. Par example j’ai mis : Hallucinant. La débauche. Au chômage. Mentir. Pas de problème. Impôts. Bêtise. Huîtres
C
J’ai donc trouvé une place dans une association qui était considéré alternative. Je l’ai admiré de loin, sa présence dans ce qu’on appelle le monde d’art avait produit en moi une fantasme de l’art. Pendant une période, je vivais la non-révolution du quotidien dans cette association; la vaisselle et les emails, le placard avec les bouteilles de Ricard, l’art contemporain les après-midis. J’ai appris quelque chose sur la connexion entre l’idéologie et le quotidien et je continuais à chercher de l’information : Qu’est-ce que c’est un exposition? Qu’est-ce que c’est une vie d’artiste?
November 11-December 22, 2018
“La nouvelle organisation”
A Barbarian in Paris, Fondation d'entreprise Ricard
Paris (FR)
Performed by
Thelma Capello, Shawn Jeffers, Rafael Moreno, Nicole Mersey, Matthieu Brion and Xiao Wang
A
Je suis arrivé à Paris en janvier 2014. Au début je ne parlais pas. On peut dire que j’étais comme une espionne. Ma mission c’était d’apprendre plus sur les gens dans ce milieu. Mais je n’avais personne à qui rapporter. Seulement l’information servait à ajuster et préparer mon rapport au monde. J’aimerais m’excuser de ne pas avoir été plus franche dès mon arrivée. Mais c’était presque trop facile de me glisser en dehors du rôle de la jeune artiste. Je venais à peine de partir de l’école d’art et je me suis senti comme un corps flottant. Alors je suis devenue principalement une assistante, un rôle plutôt confortable.
B
Avec le temps, j’ai commencé à réfléchir en français. Ce n’est pas que j’ai oublié ma langue maternelle, mais il me semblait que ça ne marchait pas de contempler cette nouvelle vie dans la langue de mon enfance. Avec le français, je suis devenue imparfaite mais aussi plus inventive. Et puis, mon français s’est développé avec les amants que j’ai eu. J’ai pris des amants pour élargir mon vocabulaire. Ma langue est donc assemblée de différents souvenirs de différents corps. J’ai noté ces mots dans un cahier. Par example j’ai mis : Hallucinant. La débauche. Au chômage. Mentir. Pas de problème. Impôts. Bêtise. Huîtres
C
J’ai donc trouvé une place dans une association qui était considéré alternative. Je l’ai admiré de loin, sa présence dans ce qu’on appelle le monde d’art avait produit en moi une fantasme de l’art. Pendant une période, je vivais la non-révolution du quotidien dans cette association; la vaisselle et les emails, le placard avec les bouteilles de Ricard, l’art contemporain les après-midis. J’ai appris quelque chose sur la connexion entre l’idéologie et le quotidien et je continuais à chercher de l’information : Qu’est-ce que c’est un exposition? Qu’est-ce que c’est une vie d’artiste?
June 28, 2015
“Les Insoumuses”
Coup de cœur #5, EFFE
Cité des arts
Paris (FR)
Performed by
Anne Steffens, Pedro Gomes, Julia Perazzini
(…)
ANNE
Do you mind if I smoke?
PEDRO
No, go ahead.
ANNE goes to the window and lights a cigarette.
JULIA
So, you’ve been watching things at the centre Simone de Beauvoir?
ANNE seems to be talking to herself, staring past JULIA and PEDRO. JULIA and PEDRO continue the conversation, not paying attention to ANNE.
ANNE
Matérialisme hystérique
PEDRO
Yeah, this archive, yeah, I’ve been going there some times.
ANNE
Nous ne nous tairons plus !
JULIA
What kind of things do they have?
PEDRO
Um, they have a lot of different things, but I saw mostly like videos of demonstrations, from the 60s and 70s. But, I have been wondering, like… what my interest in that material is and what those women did… because I can’t really, I know that I’m not going to be this like historian or researcher…
ANNE
Ni faux-cils, ni marteau-piqueur…
PEDRO
First of all because I am not one, and also I think that it’s much more interesting to work with the poetics of it… or rather than trying to present historical facts, because, I mean, there is something in this didacticism that feels kind of like patriarchal… Which would really go against the whole thing about this material.
JULIA
Yeah
ANNE
Nous serons des grains de sable dans l’engrenage du capitalisme
PEDRO
I guess I’m just interested in like what my relation, what our relation, to that history is… Like the way they addressed inequality, I think it’s still relevant.
ANNE
Double boulot sans salaire
PEDRO
And you could even turn this thing around, because actually those women weren’t really, haven’t really been remembered, like not that their work wasn’t worthwhile, but it’s also like, so after one generation it’s kind of gone, and you’re like. well, the problem’s sort of still there, and the fact that we can’t even remember it, that’s also kind of part of the problem. It’s like, why haven’t those things been put, but maybe they will be, like put in the annals the way “male” history has been.
ANNE
Une femme sans homme c’est comme un poisson sans bicyclette.
June 28, 2015
“Les Insoumuses”
Coup de cœur #5, EFFE
Cité des arts
Paris (FR)
Performed by
Anne Steffens, Pedro Gomes, Julia Perazzini
(…)
ANNE
Do you mind if I smoke?
PEDRO
No, go ahead.
ANNE goes to the window and lights a cigarette.
JULIA
So, you’ve been watching things at the centre Simone de Beauvoir?
ANNE seems to be talking to herself, staring past JULIA and PEDRO. JULIA and PEDRO continue the conversation, not paying attention to ANNE.
ANNE
Matérialisme hystérique
PEDRO
Yeah, this archive, yeah, I’ve been going there some times.
ANNE
Nous ne nous tairons plus !
JULIA
What kind of things do they have?
PEDRO
Um, they have a lot of different things, but I saw mostly like videos of demonstrations, from the 60s and 70s. But, I have been wondering, like… what my interest in that material is and what those women did… because I can’t really, I know that I’m not going to be this like historian or researcher…
ANNE
Ni faux-cils, ni marteau-piqueur…
PEDRO
First of all because I am not one, and also I think that it’s much more interesting to work with the poetics of it… or rather than trying to present historical facts, because, I mean, there is something in this didacticism that feels kind of like patriarchal… Which would really go against the whole thing about this material.
JULIA
Yeah
ANNE
Nous serons des grains de sable dans l’engrenage du capitalisme
PEDRO
I guess I’m just interested in like what my relation, what our relation, to that history is… Like the way they addressed inequality, I think it’s still relevant.
ANNE
Double boulot sans salaire
PEDRO
And you could even turn this thing around, because actually those women weren’t really, haven’t really been remembered, like not that their work wasn’t worthwhile, but it’s also like, so after one generation it’s kind of gone, and you’re like. well, the problem’s sort of still there, and the fact that we can’t even remember it, that’s also kind of part of the problem. It’s like, why haven’t those things been put, but maybe they will be, like put in the annals the way “male” history has been.
ANNE
Une femme sans homme c’est comme un poisson sans bicyclette.
2016
“Institute of Applied Speech”
by Anne Mette Schultz
Edited and designed in collaboration with the author
Forlaget emancipa(t/ss)ionsfrugten
Introduction
I am sitting in the library at an old convent in southern France. But I’m not a nun and this place isn’t a convent anymore. It is an art school and I’m here as the young artist. They have given me a place to stay and awarded me a scholarship. But I’m angry at the system and in a homespun therapy séance with my colleagues, I confess that I feel uncomfortable in the role of being an artist: “The figure’s tradition does not belong to me; I know that art serves another larger project. Besides, I’ve got nothing to say: you can find me in my ivory tower.” But in reality, what scares me is how well I fit in. My critical attitude and my uncertainty have proven to be a form of conduct that the system rewards.
I focus on getting the reality that surrounds my person to glide slightly. I have made my way toward a method that makes use of planning and of language’s capacity to produce reality. I mobilize myself as something else, and station a gaze that makes it possible to see myself from the outside. The difference between before and after continues to fascinate me. The document that remains makes me laugh.
Two years ago, I left Denmark. I wanted to get away, to move outside the frame. In Paris, I took up my place at an institution that identified itself as “alternative”. I wanted to understand the connection between ideology and the daily running of the institution. I thought it might be useful to know the difference between operating on the front side and operating on the back side. Back in Copenhagen, I am famous for my absence. I’m on a visit there, in order to look for a portrait of myself as an art student. In the portrait, I am posing at a desk with, among other people, Anne-Mette Schultz. I had invited the participants to engage in a discussion about the meaning of artistic education, and the photograph we took of ourselves was supposed to stand as an opaque documentation of our conversation. At around the same time, Anne-Mette started to write about the Institute of Applied Speech. When she asked me, later on, if I would collaborate with her on publishing the texts, I regarded this as a continuation of our dialogue. The texts and the audience that I imagined the texts would reach gave rise to a new role. I became the editor.
The Institute of Applied Speech is an anthology of texts that deal with the connection between language, art and politics. The institute, like all other institutions, is borne forth by language. It’s no secret that the Institute of Applied Speech is a fiction and that I am part of the performance. In much the manner of a staged portrait, i.e. the evidence of a represented self, the texts are the material that renders the institute real. In the institute, work is going on that is tangible to the artist.
2016
“Institute of Applied Speech”
by Anne Mette Schultz
Edited and designed in collaboration with the author
Forlaget emancipa(t/ss)ionsfrugten
Introduction
I am sitting in the library at an old convent in southern France. But I’m not a nun and this place isn’t a convent anymore. It is an art school and I’m here as the young artist. They have given me a place to stay and awarded me a scholarship. But I’m angry at the system and in a homespun therapy séance with my colleagues, I confess that I feel uncomfortable in the role of being an artist: “The figure’s tradition does not belong to me; I know that art serves another larger project. Besides, I’ve got nothing to say: you can find me in my ivory tower.” But in reality, what scares me is how well I fit in. My critical attitude and my uncertainty have proven to be a form of conduct that the system rewards.
I focus on getting the reality that surrounds my person to glide slightly. I have made my way toward a method that makes use of planning and of language’s capacity to produce reality. I mobilize myself as something else, and station a gaze that makes it possible to see myself from the outside. The difference between before and after continues to fascinate me. The document that remains makes me laugh.
Two years ago, I left Denmark. I wanted to get away, to move outside the frame. In Paris, I took up my place at an institution that identified itself as “alternative”. I wanted to understand the connection between ideology and the daily running of the institution. I thought it might be useful to know the difference between operating on the front side and operating on the back side. Back in Copenhagen, I am famous for my absence. I’m on a visit there, in order to look for a portrait of myself as an art student. In the portrait, I am posing at a desk with, among other people, Anne-Mette Schultz. I had invited the participants to engage in a discussion about the meaning of artistic education, and the photograph we took of ourselves was supposed to stand as an opaque documentation of our conversation. At around the same time, Anne-Mette started to write about the Institute of Applied Speech. When she asked me, later on, if I would collaborate with her on publishing the texts, I regarded this as a continuation of our dialogue. The texts and the audience that I imagined the texts would reach gave rise to a new role. I became the editor.
The Institute of Applied Speech is an anthology of texts that deal with the connection between language, art and politics. The institute, like all other institutions, is borne forth by language. It’s no secret that the Institute of Applied Speech is a fiction and that I am part of the performance. In much the manner of a staged portrait, i.e. the evidence of a represented self, the texts are the material that renders the institute real. In the institute, work is going on that is tangible to the artist.
A
Ude i skovbrynet ligger der et lille hvidt hus. Sollyset rammer husets skrå tag. Der er ikke tale om skønhed – det ville være for vagt – men om en strømlinet elegance, der bringer strukturen i fokus. Lyset falder ind ad loftsvinduerne og rammer de kalkede vægge. Lyset er i rummet og understreger arkitekturens suverænitet. Huset er tegnet efter modernismens principper. Det var en kunstner der fik det bygget som sit atelier. Et hus som et billede på en mands vision om sig selv som kunstner.
Det banker på ved hoveddøren.
A
Rummet er voldeligt, ligesom sproget: ligegyldigt hvor dumt det er, så vil det altid ekskludere nogen.
Det banker på ved hoveddøren. C åbner døren. B kommer ind med en kuffert og går ned ad trapperne. C lader døren stå åben og følger med B ned ad trapperne.
B
Jeg søgte ud mod det der ligger udenfor, et sted i periferien, et friere sted. Jeg vidste faktisk ikke hvad jeg gerne ville finde ud af. Jeg blev bare hængende lidt og fik nogle venner. Jeg spurgte folk hvorfor de var stukket af. Jeg skrev det ned. Jeg spurgte dem hvad de havde forestillet sig da de var børn, hvordan de havde forestillet sig fremtiden.
B stiller kufferten.
August 1 – September 1, 2020
“Fri kunst”
I forsvar for det normative barn
with Joachim Hamou
Institut Funder Bakke
Silkeborg (DK)
Performed by
Felis Dos, Filippa Fjord Francke, Jonathan Peleg and Signe Frederiksen
Documentation
Joachim Hamou
A
Ude i skovbrynet ligger der et lille hvidt hus. Sollyset rammer husets skrå tag. Der er ikke tale om skønhed – det ville være for vagt – men om en strømlinet elegance, der bringer strukturen i fokus. Lyset falder ind ad loftsvinduerne og rammer de kalkede vægge. Lyset er i rummet og understreger arkitekturens suverænitet. Huset er tegnet efter modernismens principper. Det var en kunstner der fik det bygget som sit atelier. Et hus som et billede på en mands vision om sig selv som kunstner.
Det banker på ved hoveddøren.
A
Rummet er voldeligt, ligesom sproget: ligegyldigt hvor dumt det er, så vil det altid ekskludere nogen.
Det banker på ved hoveddøren. C åbner døren. B kommer ind med en kuffert og går ned ad trapperne. C lader døren stå åben og følger med B ned ad trapperne.
B
Jeg søgte ud mod det der ligger udenfor, et sted i periferien, et friere sted. Jeg vidste faktisk ikke hvad jeg gerne ville finde ud af. Jeg blev bare hængende lidt og fik nogle venner. Jeg spurgte folk hvorfor de var stukket af. Jeg skrev det ned. Jeg spurgte dem hvad de havde forestillet sig da de var børn, hvordan de havde forestillet sig fremtiden.
B stiller kufferten.
June 6, 2012
Exkursion: Kino, Mumok Kino
Vienna (A)
pamphlet.pdf
Martin,
Thanks for taking time today. I want to try to address you here, as a reader, outside our spoken conversation, to try to understand what kind of space that is, the reading, and how I can address someone (you) that way.
The text I would like you to read is something I plan to give away on the 20th in Mumok Kino to everyone who attends the event. It will be handed out by one of the guards at the ticket control upstairs, and wrapped like this one, in a red glossy paper. That colour should correspond to a 7 seconds long video I made, a ‘red screen’, which will be shown at least five times per hour in between other videos in the program.
I know that our meeting is a very different format than the event in Mumok, and I do not intend to address every single guest on that evening like this. I met with Amitai and Kathi last week, and I have been editing the text along the way. I was not sure if I wanted to bring the text into ‘the work’. I have decided to do that, and to leave this introduction, and the ones for Amitai and Kathi. I would like to discuss these different ‘addressings’, and the text and the experience of reading it with you today. I hope this is not all too confusing. I will let you read on, print this now and wrap it.
Signe, 16 June 2012
June 6, 2012
Exkursion: Kino, Mumok Kino
Vienna (A)
pamphlet.pdf
Martin,
Thanks for taking time today. I want to try to address you here, as a reader, outside our spoken conversation, to try to understand what kind of space that is, the reading, and how I can address someone (you) that way.
The text I would like you to read is something I plan to give away on the 20th in Mumok Kino to everyone who attends the event. It will be handed out by one of the guards at the ticket control upstairs, and wrapped like this one, in a red glossy paper. That colour should correspond to a 7 seconds long video I made, a ‘red screen’, which will be shown at least five times per hour in between other videos in the program.
I know that our meeting is a very different format than the event in Mumok, and I do not intend to address every single guest on that evening like this. I met with Amitai and Kathi last week, and I have been editing the text along the way. I was not sure if I wanted to bring the text into ‘the work’. I have decided to do that, and to leave this introduction, and the ones for Amitai and Kathi. I would like to discuss these different ‘addressings’, and the text and the experience of reading it with you today. I hope this is not all too confusing. I will let you read on, print this now and wrap it.
Signe, 16 June 2012